On l’a connu dans la bande des Robins des bois sur Canal +, aimé en tant qu’acteur puis comme réalisateur… Aujourd’hui, Maurice Barthélemy nous parle de son hypersensibilité, une caractéristique qui touche en moyenne, et au minimum, 20% de la population. Portrait authentique d’un homme qui assume pleinement sa cinquantaine.
Découvrir son hypersensibilité
Maurice Barthélemy : “Une copine m’a dit un jour : “Tu ne serais pas hypersensible ?” Et moi, en bon mec, je lui dis :“non, je ne pleure jamais ! ». Elle m’a offert le livre de Christel Petitcollin « Je pense trop », et tout d’un coup j’ai eu une révélation. Je me suis dit :“Wow, mais oui, c’est ça !”. Et non seulement, j’ai mis à jour ma propre hypersensibilité, mais aussi celle de ma fille, de mes sœurs, de mon frère et de mes amis. Parce que l’hypersensibilité se transmet et que les hypersensibles s’entourent d’autres hypersensibles instinctivement.”
La définition de l’hypersensibilité
“Chez moi, l’hypersensibilité se traduit par une pensée en arborescence, une intuition forte, tous les sens très développés et une empathie importante. Sans oublier, ce besoin de m’impliquer dans toutes les causes…
L’hypersensibilité s’amplifie souvent suite à des situations assez dures tels que des deuils ou des maltraitances. L’enfance que j’ai eue était très libertaire. J’ai dû prendre mes propres responsabilités trop tôt et ça a augmenté mon hypersensibilité.”
Hypersensibilité et stress
Maurice Barthélemy :
“J’ai passé ma vie à me sur-adapter et ça générait chez moi du stress. Quand j’arrive dans un restaurant qui est très bruyant, j’ai du mal à suivre une conversation. Pareil dans un endroit trop froid, parce que je suis hyper frileux. Donc il a fallu que je crée un environnement qui me convienne : chez moi, c’est hyper chauffé et c’est très calme. J’ai une maison en Espagne pour pouvoir quitter l’ambiance parisienne. Je m’organise pour arriver beaucoup plus tôt dans un aéroport ou dans une gare quand je voyage. Le stress est hyper communicatif et si les gens sont stressés autour de moi, je le leur dis. Je fais en sorte d’être le moins possible dans le stress.”
Améliorer son estime de soi
Maurice Barthélemy :
“J’ai réglé pas mal de problèmes par rapport à l’estime de moi-même, même s’il m’arrive encore aujourd’hui de beaucoup anticiper comme tout bon hypersensible, par exemple quand je dois aller dans un endroit où je ne connais personne. Je me demande ce que je vais pouvoir dire… Ce problème demeure, mais il est beaucoup moins fort. Je recherche plus l’authenticité que les discussions superficielles, ça c’est sûr.”
Gérer la surexposition médiatique
Maurice Bathélemy :
“On me pose souvent la question : “Est-ce que tu as la nostalgie des Robins des bois ?” En réalité, pas du tout parce que c’était une période très chouette mais où on travaillait comme des dingues, on avait un stress fou… C’était très contradictoire avec mon caractère plus en retrait. J’adore ce travail, mais je n’avais aucune confiance en moi, et c’était une vraie souffrance au départ d’être confronté aux regards des autres.”
L'humour, un refuge contre l'hypersensibilité
Maurice Barthélemy :
« De nombreux hypersensibles viennent me voir en me disant qu’ils aimaient les Robins, parce qu’il y a cet humour en commun, un humour très décalé. Les hypersensibles pour la plupart, ont une forme de pudeur. Et c’est vrai qu’on passe souvent par l’humour pour pouvoir dire des choses, contourner des problèmes ou gérer notre problème d’estime de nous-mêmes.”
L’hypersensibilité et ses super pouvoirs
Maurice Barthélemy :
“Ce n’est vraiment pas un argument bidon d’avoir appelé mon bouquin « Fort comme un hypersensible » parce que j’adore cet état. On est à la fois très à l’affût de tout, on déteste s’ennuyer. C’est ce qui nous pousse à créer des situations nouvelles à chaque fois, certes parfois dangereuses parce que l’hypersensible a besoin de se doper à grands coups de dopamine et peut être sujet à l’addiction. Mais en tout cas, aujourd’hui, je réalise des films plutôt que de jouer dedans, ce qui me correspond bien, je fais des conférences sur l’hypersensibilité, je crée un festival (Festiff) qui aura pour thème le Feel Good. L’idée, c’est vraiment de promouvoir le plaisir, le cinéma, mais aussi la littérature, la musique, le stand-up, la cuisine… Toutes les choses qui font du bien… Oui, j’ai l’impression que ma vie est cool !”
La cinquantaine... Pénard.
Maurice Barthélemy :
“Avant, dans ma relation avec ma fille, j’avais tendance à lui filer des petits rendez-vous fixes en lui disant : on se voit de telle heure à telle heure…” et elle me répondait : “mais pourquoi on ne se voit pas plus longtemps ?” J’étais dans le contrôle et je voulais que ces deux heures avec elle soient réussies, c’était mon stress. Plus je vieillis et plus je me rends compte qu’il faut arrêter d’anticiper.
J’ai à la fois la malchance et la chance d’avoir perdu mes parents très tôt. Et quand je dis que c’est une chance, c’est que je vois tous mes amis autour de moi qui doivent gérer la maladie de leurs parents et c’est compliqué. Moi, plus rien ne m’oblige. Aujourd’hui, ma fille a 20 ans, elle est sur ses rails, l’idée de mourir ne me pose pas de problème. Donc, je profite. J’adore avoir mon âge. On est pénard.”
Pour être en forme : du vélo elliptique
Maurice Barthélemy :
“Je fais du sport, parce que ça libère une endorphine dont j’ai besoin pour me calmer. Je fais beaucoup de vélo elliptique, quarante-cinq minutes par jour. Avant, je faisais de la course à pied, mais j’ai eu une hernie discale j’ai dû arrêter… Je fais aussi attention à mon alimentation parce que j’ai du cholestérol.”
