Avec Silvia Kahn, la co-auteure de “Mon ado est un gros naze… Mais je l’aime”, on parle aujourd’hui sur Rewell de ceux qui, il y a peu de temps, étaient encore nos enfants chéris. L’époque bénie où ils nous trouvaient géniaux et où la moindre contrariété se réglait à grand renfort de câlins est tristement révolue ! Aujourd’hui, ils nous adressent à peine la parole, ne jurent plus que par leurs potes… Et, quoi qu’on dise, on les saoule ! Heureusement, Silvia Kahn nous donne ses conseils pour survivre à l’adolescence de ses enfants.
Comédienne, auteure et toujours en lien aux autres
Silvia Kahn :
“J’ai eu un parcours très varié. On m’appelle le couteau suisse ! J’ai d’abord fait un diplôme de psychologie, j’ai travaillé dans une agence de promotion. Ensuite à la télé et en presse écrite. Je joue de la comédie, je fais de la formation, j’aime faire plein de choses différentes.”
L’adolescence, une épreuve pour les parents
Silvia Kahn :
“C’est très compliqué pour les parents de dire : “c’est horrible, j’ai l’impression que je n’aime plus mon enfant”. Par moment, on se dit : “mais c’est pas possible, je n’ai pas fait cette créature ! Moi j’étais une bonne mère, je m’en sortais bien. Pourquoi mon enfant ne veut plus manger avec nous, préférant être tout le temps avec ses potes ? Pourquoi sa chambre est immonde ? Pourquoi je n’y arrive plus ? “
La pire anecdote de Silvia Kahn avec son ado
Silvia Kahn :
« J’essaye de pénétrer dans la chambre de mon fils : les cours sont par terre, il y a des céréales avec des bactéries qui se sont développées au sol et c’est là que je vois une bouteille jaune de coca. Je me dis : “Ah ! Voilà pourquoi il ne dort pas la nuit et pourquoi il dort au lycée : c’est parce qu’il boit du thé.” Donc, je mets mon nez dessus, j’hésite et je renonce à goûter. J’attends qu’il rentre et je lui demande : “Nathan, pourquoi tu bois du thé la nuit ?” Il me répond tout naturellement : “Ah mais non, c’est pas du thé, c’est du pipi”. Là, je ne suis pas sûre de bien comprendre… Je dis “Du pipi ?… C’est-à-dire comment ? Pourquoi ?” Il me dit : “J’ai la flemme d’aller aux toilettes, ça me saoule”… La flemme, tout ça. Mais je vous rassure, je n’habitais pas dans 300 m2 donc les toilettes n’étaient pourtant pas si loin ! »
Les combats les plus importants à l’adolescence
Silvia Kahn :
“Pour moi, il faut se battre sur les choses sur lesquelles on se sent vraiment très mal à l’aise. Mes combats, c’était que mes enfants soient respectueux envers moi, polis avec les autres, qu’on me prévienne de l’heure à laquelle on rentre… Mais on ne peut pas mener tous les combats, faire en sorte qu’il dîne avec nous alors qu’il a mangé quatre paquets de gâteaux à dix-neuf heures. De toute façon, ce qu’on fait, ce n’est jamais bon. Moi j’ai arrêté de faire des ratatouilles, des poulets basquaises et j’ai fait des pâtes ! Voilà, ras le bol !”
La souffrance de l’adolescence
Silvia Kahn :
« C’est vrai que les ados sont en souffrance : ils grandissent, ils ne mangent pas du tout ce qu’il faut, ils ne dorment pas assez la nuit, ils sont fatigués… La vie est compliquée quand on est adolescent, on a des boutons, les cheveux gras. On commence à ne pas sentir très bon parce qu’on n’a pas encore compris qu’il faut se laver et éventuellement mettre du déodorant ! (Ce qui n’est pas évident à dire pour les parents). »
Du piédestal au ravin, la cruauté de l’ado
Silvia Kahn :
« Plus jeunes, on était leur idole, ils avaient envie de nous embrasser, de nous faire des câlins et là, on tombe complètement de notre piédestal. On est devenu saoulant, pour eux on passe notre temps à hurler, ils ont l’impression qu’on ne les aime plus. Souvent, ils trouvent que les autres parents sont trop géniaux comparés à nous : la maison, la voiture de Monsieur Machin est beaucoup plus grande que la nôtre, nous on est nul. Mais c’est comme ça, je crois qu’il faut en passer par là et que ce n’est pas tout à fait vrai, on reste les mêmes. »
Garder le lien avec son ado
Silvia Kahn :
« C’est déjà ne jamais dire à son enfant, parce qu’il va le faire : “tu prends ton sac et tu t’en vas”. Au contraire, lui dire qu’on l’aime, lui faire comprendre que quand il y a des choses qui peuvent être graves (comme le harcèlement scolaire par exemple) qu’il sache qu’il peut nous en parler et qu’il comprenne que la porte est ouverte, toujours. Garder le lien, ça passe par des petites attentions, même lui faire des petits cadeaux de temps en temps, des choses qu’il aime. On va lui dire : “je suis contente quand même, ton bulletin c’est mieux, t’as des supers notes en dessin.” L’encourager, mettre l’accent sur le positif et ce qu’il fait de bien. Et surtout qu’il sache que la porte est ouverte, que s’il y a le moindre pépin, on est là, quoiqu’il arrive. »
Apprendre de son ado et vivre avec son temps
Silvia Kahn :
« Les ados ont plein de choses à nous apprendre, ils sont très rigolos. Par exemple, j’étais complètement paumée dans le langage de ma fille. Elle m’avait écrit “tkt”, j’ai donc cru que ça signifiait : t’as qu’à téléphoner, mais non pas du tout, ça veut dire t’inquiète ! Ensuite, il y a la playlist, ils nous font écouter des rappeurs, des musiques à la mode. Ils ont plein de choses à nous montrer, sur le monde, sur l’écologie, sur le traitement des animaux. Ils ont été les premiers à dire qu’il faut faire attention à sa consommation, arrêter d’acheter des produits faits en Chine, devenir plus conscients de notre impact sur la planète. »
Le meilleur tips de Silvia Kahn
Silvia Kahn :
« C’est d’essayer de partager un moment avec eux, même si ça n’arrive pas si souvent que ça. Par exemple, avec ma fille, on était allées faire un massage. Avec mon fils, on écoutait de la musique. Ce sont des petites choses du quotidien qui aident à relativiser. Quoi qu’il arrive, dîtes-vous que ça va passer et surtout, rappelez-vous constamment que c’est tout à fait normal et que vous n’êtes pas seul(e). »