Auteur, chroniqueur, humoriste, Tanguy Pastureau nous parle de son quotidien d’homme sensible, mais aussi de transmission, de nostalgie et du fameux cap de la cinquantaine, qu’il n’a pas encore tout à fait digéré… Son spectacle “Un monde hostile pour un cœur tendre” est en tournée dans toute la France. On vous le conseille vivement !
Une angoisse métaphysique : la peur de vieillir et de manquer de temps
Tanguy Pastureau :
“Tout m’angoisse et à la fois rien. J’ai une angoisse métaphysique, notamment avec l’âge. Je trouve que lorsqu’on avance en âge, on gagne en sérénité et en liberté. On n’a plus envie de s’entourer des gens nuisibles et on fait un grand ménage dans sa vie, ça j’adore. Mais en même temps, je suis toujours en train de penser à ce que j’aurais le temps de faire et là, forcément, je réalise qu’il me reste de moins en moins de temps…”
Se protéger quand on est sensible
Tanguy Pastureau:
“On se protège d’abord en s’entourant bien, en faisant attention aussi à aménager des petits moments pour soi. Cela ne signifie pas renoncer à se confronter au monde mais savoir que certaines choses sont nocives pour soi. Par exemple, les réseaux sociaux ne me réussissent pas forcément. C’est vrai que le public écrit davantage pour dire ce qu’il n’aime pas que ce qu’il apprécie. Mon job à moi, c’est de croquer l’actualité, mais j’essaie toujours de garder une petite distance.”
Être dans la lumière, c’est douter un peu plus
T.G. :
“Être dans la lumière ça ne donne pas raison, au contraire, ça sème encore plus de doutes. Comme je suis écouté, je n’ai pas le droit de me planter, mais je trouve que je me plante en permanence ! La lumière est aussi vectrice de doutes. Plus on a de responsabilités, moins on est léger, c’est comme ça.”
Rire des petits ratés de la vie
Tanguy Pastureau :
“Ce qui me fait rire, c’est tous les petits ratés de la vie de tous les jours. Par exemple, ce millionnaire, Alain, qui a gagné le gros lot au Loto et qui a témoigné sur TF1. Il voulait rester anonyme et expliquait qu’il n’avait rien dit à son fils parce qu’il ne voulait pas qu’il tombe dans l’argent facile. Alors, ils lui ont mis une espèce de toute petite perruque, ce qui fait qu’on le reconnaissait absolument. Mais tout le monde t’a reconnu Alain ! J’ai trouvé ça tellement drôle !”
La nostalgie du never more ou l’envie de vivre pleinement
T.G. :
“Je suis très nostalgique. Quand je vois un proche s’en aller, je me dis que je ne revivrai sans doute plus jamais ce moment-là. Serge Gainsbourg parlait du Never More, l’idée que quelque chose n’aura plus jamais lieu. En même temps, ça incite à vivre les choses de manière pleine. C’est vrai que je suis très nostalgique et à la fois j’aime mon époque. J’ai lu récemment un livre où ils expliquaient que les stars du rock dans les années soixante (Mick Jagger etc.) étaient tous nostalgiques des années vingt. Tout le monde est nostalgique au final. Vous vous rendez compte qu’il y a des tournées des années quatre-vingt-dix ? Mais, les années quatre-vingt-dix, c’était hier !”
La transmission père-fils
Tanguy Pastureau :
“J’ai un fils de dix ans. Moi j’ai beaucoup de doutes, de choses qui ne vont pas forcément en moi, et que je n’ai pas spécialement envie de lui transmettre, mais je réalise que je les lui transmets malgré moi. Je retrouve beaucoup de choses chez lui qu’on a en commun alors qu’il ne peut pas le savoir. Notamment quand j’étais enfant, j’étais très angoissé le soir. Je me raclais la gorge pour montrer à mes parents que je ne dormais pas et lui, il se racle aussi la gorge ! La transmission elle se fait naturellement. Après, il prendra ce qu’il veut dans mon parcours, mais je crois que ce n’est pas le plus intéressant.”
Entre bonnes résolutions, stress et laisser aller
T.G. :
“Mon lien au bien-être est très fluctuant. Il n’y a pas une période de vacances où je ne me remette pas au sport. J’aime bien courir, c’est vraiment la liberté ultime. Et puis évidemment, quinze jours après la rentrée je n’ai plus le temps et je me remets à manger n’importe quoi à cause du stress. Moi, la feuille blanche ça peut me faire vider toute la cuisine. Ça arrive rarement parce que je suis un génie incroyable, mais de temps en temps j’ai un doute… Donc j’ai des périodes où je suis vraiment à fond et ça me rend plus heureux et d’autres périodes où je me laisse complètement déborder et dans ces moments-là, je ne suis pas bien.”
Le choix d’être végétarien pour le bien-être animal
T.G. :
“Ce n’est pas pour mon bien-être personnel que je suis végétarien, mais pour le bien-être des animaux. Je n’en pouvais plus de voir des documentaires avec des animaux en train de mourir dans d’atroces souffrances. Quand j’étais jeune, j’ai travaillé dans une usine de salaisons : c’est un joli terme pour dire qu’on fabrique des saucisses. Je peux vous dire que quand vous avez entendu les hurlements des porcs, vous ne mangez plus de viande.”
Cohabiter avec ses démons et abandonner l’idée de perfection
Tanguy Pastureau :
“J’ai acheté des dizaines de livres mais j’ai réalisé qu‘ils ne s’adressaient pas à moi. Le meilleur développement personnel qui soit c’est d’arriver à se comprendre, accepter d’avoir des démons et de vivre en paix avec ça. Moi je ne veux plus du tout atteindre la perfection. De toutes façons, ce ne sera pas possible. On se rend très malheureux en essayant de se parfaire, en essayant de devenir des espèces de warriors. On peut aussi se relâcher un peu.”